Architecture et e-motion ou la ville comme médiation, par Irena LATEK

Les territoires urbains contemporains nous obligent à porter un regard différent sur la ville, celui de la modernité du XXe siècle. Le projet contemporain appelle à travailler sur le mouvement, la multiplicité des points de vue, les grands changements d'échelle et l'imprévisible. Ils nous invitent à inventer de nouveaux outils conceptuels et des représentations multidisciplinaires, alliant temps et espace, intentionnel et accidentel, forme bâtie et fonctions sociales. Si le cinéma n'hésite pas à confondre des faits hétérogènes pour représenter la vie, ne peut-il alors contribuer, avec les arts technologiques, à transformer la conception architecturale en un processus ouvert, instaurant un lien intime avec la société ?

Installations et projets dans l'espace public, explorations spatiales et médiatiques : les travaux menés par le medialabAU s'inscrivent dans la tradition de la conceptualisation de l'architecture dans sa relation à la ville, au paysage et au territoire — explorations menées à travers le dessin et l'image. Depuis bientôt 25 ans, ce laboratoire explore un vaste kaléidoscope de techniques numériques pour créer de nouveaux instruments de représentation de l'espace et interroger le sens de l'espace contemporain ainsi que les formes de l'être ensemble. Dans cette perspective, Irena Latek présentera les méthodes de travail développées par le laboratoire: le collage en mouvement, le paysage interactif et la vidéo/construction. Si elles assument de multiples fonctions dans les différentes productions – devenant tantôt des interprétations de l'espace urbain, des œuvres d'art et des paysages, tantôt les outils du projet architectural, et enfin l'architecture elle-même – ces trois techniques constituent une tentative inlassable de créer un territoire où l'environnement et l'activité humaine deviennent indissociables de l'appréhension de l'espace.

Dans le cadre du programme de maîtrise en architecture à l'Université de Montréal, l’approche vise à ouvrir de nouvelles sensibilités à la sphère publique, à stimuler l'imaginaire autour du territoire commun et à découvrir de nouvelles formes d'être ensemble. Il s’agit d’élargir (et/ou de modifier) le territoire du « sensible », à la manière de Jacques Rancière, pour qui l'importance politique de l'art réside dans son potentiel d'ouverture à des sensibilités jusque-là inaccessibles. L’architecture est ainsi positionnée dans le champ de l'écosophie de Félix Guattari, en cherchant à construire, avec les étudiants, un espace hétérogène.

Irena LATEK is a Canadian artist and architect. She places her research at the junction of digital media arts, architecture, and urban projects. She began her practice in Poland and then practiced in France and Canada. Appointed professor at the School of Architecture of the University of Montreal in 1990, she teaches architectural and urban projects, architectural theory and conducts, in an academic framework, research located at the edge of architecture, arts visuals and new media as part of urban issues. In 2001, she founded the medialabAU research-creation laboratory. The research-creation projects she has carried out alone or with her team, using video or interactive interfaces, take the form of installations that question contemporary urbanities. These works have been exhibited (and screened) in Canada, Spain, Germany, Switzerland and France.

Soutenu(e) par le projet GATES, financé par le Programme d'Investissement Avenir du gouvernement français et mis en œuvre par l'ANR France 2030