Aller au contenu principal

Journée d'étude "Paysages mobiles : regards croisés sur les plantes en migration"

Journée d'étude / Recherche

Le 9 septembre 2025

Journée d'étude Paysages mobiles : regards croisés sur les plantes en migration

Cette journée d'étude est organisée par Marie Mianowski (ILCEA4) et Eugenia Reznik (GATES).

Faisons halte. Abandonnons pour un instant nos cannes de marche, nos sacs alourdis, et nos gants. À genoux, ou même à plat ventre contre la terre, devenons immobiles devant cette plante-là, comme elle. Comme elle ? Et si, au contraire, elle nous apprenait la mobilité ? D’où vient-elle ? Depuis quand est-elle là ? Et combien de temps encore y restera-t-elle ?

Le regain d’intérêt des sciences et des arts pour la question des migrations — comme l’illustrent les expositions actuelles « Migrations, une odyssée humaine » au Musée de l’Homme, « Migrations du vivant » au Muséum de Bordeaux ou encore « Exil » au Louvre-Lens — invite à croiser les perspectives. Nous souhaitons explorer ensemble la représentation de la mobilité des plantes dans la littérature, les arts visuels, la musique, la botanique, la biologie, et les sciences humaines. Si le déplacement des végétaux a toujours accompagné celui des humains, le contexte contemporain, marqué par l’accélération des flux migratoires, la globalisation des échanges, et les nouvelles régulations, soulève des interrogations inédites. Que signifie aujourd’hui vivre dans des paysages en perpétuelle transformation ? Comment renouveler notre regard sensible sur un vivant en mouvement ?

Cette journée d’étude s’articule autour de deux axes. 

Le premier propose une approche centrée sur le point de vue du vivant (comme l’explorent les travaux d’Estelle Zhong Mengual et Baptiste Morizot). Les plantes sont déracinées, déplacées, puis reimplantées. Comment tenter de saisir ces déplacements du point de vue des plantes elles-mêmes? Quels déplacements sont alors également à l’œuvre dans ce changement de paradigme ? Quels échanges se tissent entre la plante et son nouveau milieu ? Quels changements agentiels pour l’observateur.trice humain.e? Quels nouveaux récits et quelle forme de récits pour ces voyages ? Qu’est-ce que ce changement de point de vue produit d’un point de vue anthropologique, philosophique, artistique?

Nous souhaitons interroger les changements engendrés lorsque la mobilité des plantes est appréhendée du point de vue des plantes; lorsque nous tentons de décentrer de nous-mêmes notre regard d’êtres humains. Nous proposons de réfléchir à cet effort de décentrement et à ce qu’il engendre comme changements et ouvre comme perspectives pour comprendre le vivant et les liens entre les humains et le monde-plus-qu’humain. Cette réflexion sera menée scientifiquement, du point de vue des plantes (biologie, botanique, agro-foresterie), mais aussi du point de vue de la philosophie et de l’anthropologie. En effet, toute démarche de représentation implique de fait un retour dans le présent vers l’abstraction et l’imaginaire. Est-il possible d’échapper au point de vue humain sur le vivant et les plantes en particulier? N’est-ce pas plutôt sur l’effort de déplacement vers un nouveau point de vue que devrait porter notre attention, plutôt que sur le mouvement intrinsèquement inadéquat et illusoire de déplacer notre attention d’humains du point de vue des plantes? Qu’est-ce que cet effort de déplacement dit de la nécessité d’une éthique de la relation, de l’attention, de la juste distance vis-à-vis de l’autre qu’humain et des humains eux-mêmes pour mieux comprendre et nous ajuster en tant qu’humains au monde dans lequel nous vivons. Que dit cet effort de déplacement également de la nécessité pour les êtres humains de (re)nouer le lien entre écologie et sublime, comme l’écrit Mathilde Ramadier dans Renouer avec la terre, plaidoyer pour un nouveau sublime (Seuil, 2025) ?

Le second axe interroge les pratiques en recherche-création. Comment la pratique artistique et plus spécifiquement la recherche-création permet-elle de mettre en œuvre et de représenter cet effort de déplacement, cette relation avec les plantes qui tente de les placer au centre, paradoxalement détachée du regard des humains qui la représentent. Quel impact l’étude de la mobilité des plantes du point de vue des plantes a-t-elle sur la pratique de recherche-création ? En juxtaposant communications scientifiques et performances artistiques, en entrelaçant les voix de chercheurs et d’artistes, peut-on faire émerger de nouveaux modèles de représentation de la mobilité des paysages ? 

La journée d’étude que nous organisons est adossée à une exposition « Végétal en mouvement » présentée à la Maison de la Création et de l’Innovation. L’exposition réunira des œuvres visuelles et vidéographiques d’artistes de Grenoble et d’ailleurs qui, en puisant leur inspiration en botanique, la biologie et des sciences humaines, tentent de réfléchir aux récits botaniques de plantes en déplacement, aux paysages et identités hybrides, et aux nouvelles relations entre l’humain et le végétal.

Faisons halte.
 

Eugenia Reznik est une artiste ukraino-franco-canadienne en arts visuels et médiatiques. Ayant une double formation - une maitrise en mathématiques appliquées (Université de Kiev) et deux maitrises en arts visuels et médiatiques (Université du Québec à Montréal, Canada) – elle est titulaire d’un doctorat en études et pratiques des arts à l’UQAM. Dans une démarche de recherche et création, elle croise les perspectives sociologiques, les pratiques documentaires, les arts numériques et la recherche botanique, pour explorer les questions du déracinement, de la transmission de la mémoire et les relations entre la migration des personnes et des plantes.

Marie Mianowski est professeure des universités et directrice de l'ILCEA4.

Soutenu(e) par le projet GATES, financé par le Programme d'Investissement Avenir du gouvernement français et mis en œuvre par l'ANR France 2030

Date

Le 9 septembre 2025
Complément date

9h00-17h30

Localisation

Complément lieu

Maison de la Création et de l'Innovation
339 avenue Centrale, St Martin d'Hères
Salle 002, rdc

Publié le 18 juin 2025

Mis à jour le 18 juin 2025